Cours d'espéranto en dix leçons :

2.3. Le complément d’objet direct

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Vous avez sûrement déjà entendu parler du complément d’objet direct (ou C.O.D.). Par exemple, dans la phrase :
Elle lit un livre.
si vous posez la question Elle lit quoi ?, la réponse est un livre. Ici, un livre est le complément d’objet direct, c’est l’objet sur lequel s’applique l’action.

De la même façon, dans la phrase :
Je conduis la voiture de mon père.
la voiture de mon père est le complément d’objet direct. Je conduis quoi ? La voiture de mon père.

En espéranto, on utilise la terminaison n pour indiquer le complément d’objet direct : on ajoute alors ce n à la fin des noms, des adjectifs et des pronoms. Par exemple :

Mi sukeras la varman kafon.

Je sucre le café chaud.

REMARQUE : Prononcez bien le n final : belan rime avec Anne et libron avec tonne.

Au pluriel, la terminaison n se place après la terminaison j du pluriel :

Ni sukeras la varmajn kafojn.

Nous sucrons les cafés chauds.

En français, il n’y a pas de terminaison pour marquer le complément d’objet direct. C’est l’ordre des mots qui indique le complément d’objet direct, l’ordre normal de la phrase étant SUJET – VERBE – COMPLÉMENT.

En espéranto, l’ordre des mots est plus libre, et la terminaison n permet alors d’identifier le complément d’objet direct.

C’est le même principe que dans des langues telles que l’allemand, le polonais, le russe ou le latin, pour n’en citer que quelques-unes.

On parle alors d’accusatif.

Voici un exemple montrant la souplesse qu’apporte l’utilisation de l’accusatif pour indiquer le complément d’objet direct :

mi vidas lin = lin mi vidas : je le vois

je vois quoi ? lui = C.O.D. marqué ici par l’accusatif (-n)

min li vidas = li vidas min : il me voit

il voit quoi (ou qui) ? me (=moi) = C.O.D. marqué ici par l’accusatif (-n)

Vous aurez sûrement remarqué dans ce dernier exemple que le pronom je prend une autre forme lorsqu’il est complément d’objet direct et devient me. Donc même en français, on trouve pour les pronoms des formes différentes selon qu’on les emploie comme sujet ou comme complément d’objet direct. En espéranto, cette forme est régulière : pour les pronoms, comme pour les noms, on ajoute simplement la terminaison n et donc li devient lin et mi devient min.

ATTENTION : Le verbe être n’a jamais de complément d’objet direct, donc on n’utilise pas l’accusatif. On dit donc par exemple :

Mi estas viro.

Li estas instruisto.

En effet, le verbe être est un verbe d’état : il «relie», il «décrit» ce qui vient ensuite. Ce qui vient ensuite n’est pas le résultat d’une action comme lire ou conduire, il se contente de décrire ce qui est. Un verbe d’état n’a pas/ne peut pas avoir de complément d’objet direct.

Li estas instruisto. équivaut à : Li = instruisto.

Dans cette phrase, li est le sujet et instruisto est l’attribut du sujet.

Il existe un petit groupe de verbes d’état, après lesquels on ne met donc pas l’accusatif : esti (être), resti (rester), ŝajni (sembler), aspekti (paraître).

Exemples :

La vetero ŝajnas bela. : Le temps semble beau.

→ verbe d’état : ŝajni

Ŝi aspektas granda. : Elle paraît grande.

→ verbe d’état : aspekti

Notez bien la différence entre :

Ili estas najbaroj. : Ils sont voisins.

→ verbe d’état : esti

et :

Li rigardas la najbaron. : Il regarde le voisin.

→ verbe d’action : rigardi, donc ici najbaro est C.O.D. et on le met à l’accusatif.

C’est à vous !

Pour chaque phrase, indiquez à quel endroit vous mettriez l’accusatif si vous deviez la traduire en espéranto :

Récapitulatif :

  • 1. Il mange du poisson.du poisson
  • 2. Les enfants apprennent leurs leçons.leurs leçons
  • 3. Mon frère est informaticien.il n’y a pas besoin d’accusatif
  • 4. Mes parents mangent les restes d’hier soir.les restes d’hier soir
  • 5. Il promène le chien.le chien
  • 6. Il se promène le matin.il n’y a pas besoin d’accusatif